Patrimoine cinématographique local
Gabriel LION et Pierre MURAT, ont effectué des reherches sur les nombreux films dont les réalisateurs ont été séduits par notre village
et son environnement exceptionnel pour y tourner leurs films en totalité, en majeure partie ou partiellement.
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10 avril 1934 Archives de la Cinémathèque de Marseille

Nombreux sont les films tournés à Cassis, quelques-uns en totalité, les autres pour quelques séquences.
Les cinéastes y ont été attirés par la lumière bien sûr et le décor de ce petit port de pêche tranquille, mais aussi et tout au long des années
30 à 50 tout un actorat local à l’accent et à la gestuelle typiques était disponible qui s’insérait à merveille dans ce cadre pour donner la touche voulue d’exotisme provençal, Berval en bellâtre, Andrex en héros, Delmont en papé, Fernandel en grand dadais, Raimu en mastodonte hableur…
Ajoutons à ces ingrédients des affinités entre réalisateurs du cru et propriétaires de résidences, ainsi en 1945 de Pagnol pour le tournage de Naïs au château, de Hugon dans la villa dominant les Roches Plates pour L’affaire du Grand Hôtel ou de Carlo Rim dans les vignobles de Bodin pour son Hercule (1937). Les décors étaient variés, ruelles, mer et collines, il faisait bon y tourner et le café du port était accueillant.
A preuve de ce succès, en 1934, c’est à l’Hôtel des Roches Blanches que se réunissent les professionnels marseillais du cinéma.
Un décor pour des actions stéréotypées
Mais là où les peintres s’attardaient à rendre le paysage, les cinéastes, eux, braquent leur caméra sur les personnages et l’action.
Drame et mouvement annulent la tradition contemplative de la peinture.
Le site n’est dès lors qu’un fond sur lequel se détachent les acteurs :
certes le tournage se déroule le plus souvent en plein air mais les gros plans sur les visages des vedettes laissent dans le flou et le lointain le cadre du port, les ruelles ou le panorama. Restent de la vie quotidienne des scènes de vendanges ou de discussions avec les pêcheurs (Hercule 1937), de café (César 1936), de pétanque (Si ça peut vous faire plaisir, 1948) ou de drague au bord de l’eau (L’Affaire du Grand Hôtel, 1945 et Mémoires d’un flic, 1955). Seul Carlo Rim avec son Sanglier de Cassis (1976) donnera quelque authenticité à son histoire, il est vrai tirée du folklore local.
C’est que les scénarios tournés sur place restent tributaires des thèmes mis à la mode par le cinéma marseillais : d’un côté la jovialité méridionale qui joue sur dialogues cocasses, personnages débonnaires ou naïfs, cabanon, vie rustique, pastis, cigales, jeu de boules, pêche et soleil, de l’autre et depuis que Tourneur a lancé le genre avec Justin de Marseille en 1935, sur l’aspect noir du film policier : des contrebandiers de Romarin (1936) aux trafiquants de Cigarettes, Whisky et Petites Pépées (1958) ou de French Connection 2 ( 1975) en passant par les bandits de Hugon en 1945 et les séduisantes crapules des deux Borsalino (1969 et 1974) jusqu’aux intrigues des fabricants d’héroïne et manœuvres des promoteurs dans Cap Canaille (1982), Cassis sert de repaire aux histoires louches du milieu. Nul hasard si Melville fait osciller son sombre Deuxième souffle entre Marseille et Cassis en y choisissant les lieux les plus austères. Les deux veines peuvent cependant s’associer ou rentrer en contraste. Ainsi chez Hugon, se succèdent une scène de lutinage sur les Roches Plates et l’enlèvement soudain de la jeune femme par des gangsters ; en 2008, des scènes détendues de pêche à Port-Miou encadrent la violence frénétique des actions de Transporteur 3.
Quand le village est définitivement devenu station balnéaire, l’aspect villégiature l’emporte : ce sont La Maison du Printemps (1949), La Vieille Fille (1971) dont l’action, le temps d’un congé d’été, se déroule entre plage du Bestouan et Hôtel du Golfe peuplé de pensionnaires, la balade en bateau de L’Ange gardien (1978) ou encore la fin du Bon Plaisir (1984) où la maîtresse du Président tente de trouver le repos dans une villa de la Presqu’île. Et c’est l’image initiale de Bienvenue chez les Cht’is (2008) qui consacre Cassis comme un Saint-Tropez idyllique.
L’usage des lieux
Le village n’y est cependant pas nommé. Ailleurs il s’appelle même Cadignan (dans Hercule), se fait passer pour Toulon (dans César et dans Les Misérables) ou Marseille (Fanny de Logan), transpose L’Estaque de Zola (dans Naïs), se donne comme littoral espagnol (dans Ruy Blas) et, dans Val d’Enfer, les carrières de Port-Miou se confondent grâce au montage avec celles de Châlon-sur-Saône !
C’est dire si la géographie des lieux peut être malmenée. D’un plan ou d’une séquence à l’autre, on passe en toute continuité apparente de Juan les Pins à la plage de l’Arène (Romarin), des Roches Plates à Callelongue (L’Affaire du Grand Hôtel) ou de Callelongue au parc d’une villa luxueuse (Mémoires d’un flic) !
Quant aux calanques, leur aspect sauvage, abrupt et à l’écart en fait un hors-lieu et hors-temps tout désigné pour remplir des fonctions fort diverses sous le signe de l’aventure, de la guerre ou du loisir.
Exotisme temporel et spatial : En Vau est le havre où de braves autochtones celtes et chevelus accueillent les Phocéens (Honoré de Marseille) mais tout aussi bien le gîte de sauvages cannibales (Les Cinq sous de Lavarède) ; les pentes de Marseilleveyre voient s’affronter des armées à la fin du XIXème dans l’Afrique de C’est arrivé à Aden, leur aridité les prédispose à voir s’échanger des coups de feu pendant la guerre d’Algérie (L’Insoumis) et deux palmiers transforment la descente sur Sugiton en vallon mexicain infernal (Le Salaire de la Peur) .
Seul moment authentique, l’arrivée à En Vau, lieu de clandestinité, d’un sous-marin anglais chargé de recueillir des résistants (L’Armée des Ombres).
Le noir et le solaire ici encore se mêlent : des meurtres se commettent sur les falaises de Canaille (Le Deuxième Souffle, Cap Canaille, Le Faux Pas), on liquide un cadavre dans la nuit de Sugiton (Le Passager de la Pluie), ses ennemis traquent Fantômas jusque dans En Vau. Mais à Port-Pin, au terme d’une balade radieuse en auto, les deux truands Roch Siffredi et François Capella célèbrent leur amitié au sortir d’un bain (Borsalino) et un malfrat s’en va à Riou draguer sa petite amie (Mémoires d’un Flic). Entre peur et rire, le vertige de Louis de Funès « sur un arbre perché ».
Prédestinées aux courses-poursuites, la Gineste (Sergil chez les filles, Cap Canaille) et surtout la Route des crêtes : depuis que Melville l’a élue pour sa longue, belle et dramatique embuscade du fourgon, son désert a servi à des rallies échevelés dans Marseille Contrat où un tueur à gages drague en voiture la jolie fille d’un trafiquant, dans Taxi 2 dont le générique illustre le brio au volant du héros ou encore dans le bien nommé L’Amour aux trousses.
Remarquons pour finir que, de Cigarettes, whisky et petites pépées en Stavisky et de Cap Canaille en Transporteur, c’est la Presqu’île d’où se développe la plus ample des vues sur la baie et où se découpent les visages sur fond de Cap et de bleu qui, au fil du temps et la couleur aidant, est choisie comme décor de prédilection. Quelques aperçus sur le paysage mais toujours fragmenté et asservi à l’action dramatique.
Les films décidément, même à Cassis, ne sauraient consentir à des pauses esthétiques.
Pierre Murat.
10 avril 1934 - Archives de la Cinaémathèque de Marseille
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Marcel Pagnol et ses techniciens pendant le tournage de Naïs
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Pagnol et ses techniciens pendant le tournage de Naïs